Le 19 mars 2025, le Lab50 a organisé une nouvelle session de Table Ronde dédiée aux transformations de la profession d’expert-comptable et de commissaire aux comptes face à l’essor de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies. L’événement s’est articulé autour de trois grandes thématiques : la transformation des missions par l’IA, la refonte des modèles opérationnels, et l’adaptation des soft skills et du leadership dans un environnement automatisé.

IA et transformation des missions de la profession

L’IA est perçue comme une opportunité incontournable pour les professionnels. Refuser de l’adopter représente aujourd’hui un risque majeur en termes de productivité. Toutefois, cette technologie n’est pas exempte de dangers, notamment sur le plan sociétal, avec la question cruciale de l’occupation de l’humain à l’horizon 2030.

L’équipe Numérique du Shift Project a d’ailleurs publié son rapport « Intelligence artificielle, données, calculs : quelles infrastructures dans un monde décarboné ? », disponible ici.

Les risques identifiés incluent la perte de compétences techniques et rédactionnelles, une dépendance croissante à l’énergie et un sentiment d’obsolescence rapide en l’absence de mise à jour régulière des connaissances. De plus, la blockchain apparaît comme un concurrent potentiel du métier de commissaire aux comptes.

En matière d’IA, l’utilisation de modèles dédiés à des usages spécifiques est recommandée pour une intégration réussie. De plus, l’IA se présente comme un assistant puissant capable d’accroître significativement les capacités des professionnels. Cependant, l’intégration de cette technologie nécessite une révision de la déontologie, en particulier en ce qui concerne la responsabilité algorithmique et la transparence des modèles. Des problématiques éthiques sont également à prévoir, notamment sur les pratiques de prospection automatisée.

Process et refonte des modèles opérationnels

L’optimisation de l’organisation des cabinets passe par une automatisation intelligente plutôt qu’une simple digitalisation. Bien que certains outils contribuent à améliorer la qualité de la saisie comptable, une véritable transformation nécessite une réflexion sur la centralisation, ou non, des solutions.

Le succès de cette transformation repose sur une structuration préalable des informations et une utilisation optimale des outils, tant en interne qu’en externe. Pour les cabinets, l’objectif est de garantir une architecture data-first, avec des solutions low-code/no-code pour plus d’agilité. Le concept de Data Driven est de plus en plus plébiscité par les cabinets souhaitant moderniser leurs pratiques.

L’évolution des systèmes d’information vers une interopérabilité totale est une question stratégique à horizon 2026. Par ailleurs, l’accompagnement au changement des collaborateurs et des clients demeure essentiel. Des efforts doivent être faits pour former les professionnels aux nouveaux outils et aux enjeux éthiques liés à l’utilisation de l’IA.

Exemples concrets de risques et de bonnes pratiques

Plusieurs incidents récents ont mis en évidence les risques liés à l’utilisation d’IA dans un cadre professionnel. Un exemple majeur est celui de Samsung, où des employés ont involontairement exposé du code source confidentiel en l’insérant dans une IA générative. De même, des recherches ont démontré qu’il était possible d’extraire des données personnelles d’autres utilisateurs via des prompts malveillants.

Face à ces menaces, plusieurs bonnes pratiques s’imposent :

  • Former les collaborateurs à l’utilisation de l’IA et à la gestion des risques associés.
  • Limiter les saisies de données sensibles dans les IA accessibles en ligne.
  • Privilégier des solutions IA on-premise ou respectant la réglementation européenne.
  • Contrôler les accès et les flux de données pour éviter toute fuite involontaire.

Soft skills et leadership dans un environnement automatisé

La technologie bouleverse la nature des compétences requises pour les experts-comptables et les commissaires aux comptes. L’évolution des attentes générationnelles est un défi majeur pour les cabinets. Les jeunes générations attendent plus d’autonomie, d’impact et un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle.

L’IA, en automatisant les tâches techniques, recentre les besoins sur des profils capables de comprendre les clients et de proposer des solutions adaptées. Les soft skills essentiels identifiés comprennent : la curiosité, l’intégrité, la communication, la pédagogie, la résilience, l’esprit critique et innovant, ainsi que la bienveillance.

L’adaptabilité est clé pour répondre aux attentes des nouvelles générations, tandis que les cabinets doivent être perçus comme des entreprises à part entière, avec une gouvernance horizontale favorisant l’autonomie des collaborateurs.

Conclusion

La table ronde du Lab50 a mis en lumière les enjeux critiques auxquels les experts-comptables et les commissaires aux comptes sont confrontés face à l’avènement de l’IA.

Pour réussir cette transition, il est impératif de repenser l’organisation des cabinets, de moderniser les systèmes d’information et de valoriser les compétences humaines essentielles qui ne peuvent être remplacées par les machines.

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